Le mythe de la "dette immunitaire" - 1/5
Rôle des sociétés savantes dans la promotion médiatique et professionnelle d'une théorie inventée par des pédiatres français
Alors que depuis le début de la pandémie circulait partout l’idée fausse que les enfants n’étaient pas concernés par le Covid, les médias alertèrent très tôt sur une autre menace : la “dette immunitaire”.
Ce concept suggère que les mesures de lutte contre le Covid, en provoquant une baisse significative des maladies infectieuses, auraient privé les enfants d’une exposition aux agents pathogènes courants et empêché la stimulation de leur système immunitaire, les rendant ainsi plus vulnérables aux infections.
L’idée, simple et séduisante, devint rapidement virale dans les médias pour expliquer la hausse significative des cas de bronchiolite et autres infections respiratoires saturant les services de pédiatrie au cours de l’année 2021, en France et dans d’autres pays. Depuis, la “dette immunitaire” resurgit systématiquement comme une cause possible, si ce n’est exclusive, de toute recrudescence majeure d’infections virales et bactériennes entraînant une hausse importante, parfois sans précédent, des hospitalisations pédiatriques, des infections graves et des décès.
Cette théorie nouvelle, inventée par des pédiatres français en 2021, s’est imposée durablement dans le débat public comme s’il s’agissait d’un fait bien connu des infectiologues, grâce au soutien important d’un réseau de sociétés savantes qui en ont assuré la promotion dans les médias, le milieu médical mais aussi auprès des autorités sanitaires.
Une théorie virale inventée par des pédiatres français
Régulièrement présentée comme un fait bien connu en médecine et en santé publique, la “dette immunitaire” n’existait pourtant pas dans la littérature médicale et scientifique avant 2021.
Elle fut mentionnée pour la première fois par des pédiatres et des chercheurs français, Robert COHEN, Marion ASHMAN, Muhamed-Kheir TAHA, Emmanuelle VARON, François ANGOULVANT, Corinne LEVY, Alexis RYBAK, Naim OULDALI, Nicole GUISO, et Emmanuel GRIMPEL, dans un article intitulé “Pediatric Infectious Disease Group (GPIP) position paper on the immune debt of the COVID-19 pandemic in childhood, how can we fill the immunity gap?”1, et publié en ligne le 12 mai 2021.
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Au moment de sa publication, plusieurs études montraient déjà que les mesures sanitaires adoptées depuis le début de la pandémie (distanciation sociale, masque obligatoire, isolement) avaient entraîné une réduction significative et bénéfique des infections virales et bactériennes en pédiatrie (grippe, bronchiolites, varicelle, rougeole, coqueluche, infections à pneumocoques, méningocoques et streptocoques…).
Les auteurs imaginèrent cependant un effet indésirable : en empêchant l’exposition aux virus et bactéries courants, les mesures préventives auraient compromis la stimulation et le développement du système immunitaire des enfants, devenus plus vulnérables aux infections. Le groupe de pédiatres redoutait donc un rebond important d’infections graves après la levée des mesures préventives.
En outre, l’article évoquait aussi une “dette” liée au recul de la vaccination courante en pédiatrie, et suggérait dans tous les cas un renforcement et une extension des programmes de vaccination.
Toutefois, c’est surtout la “dette” d’infection qui retint l’attention des médias français et internationaux alors que se succédaient les alertes sur la recrudescence précoce des bronchiolites en Australie et en Nouvelle-Zélande - des pays qui avaient mis en oeuvre une stratégie d’élimination “Zéro Covid” - puis aux États-Unis et au Royaume-Uni au cours de l’année 2021.
Ainsi, dès la fin du mois de juin, le Wall Street Journal (WSJ), un des journaux les plus influents dans le monde économique et financier, consacrait un article entier à la “dette immunitaire” en citant l’article R. Cohen et al.
Les médecins français appellent cela la dette immunitaire : lorsque les gens se sont évités pendant la pandémie, ils n'ont pas réussi à développer l'immunité contre les virus qui résulte d'un contact normal. Lorsque la vie normale reprendra son cours, la société pourrait voir les paiements de cette dette arriver à échéance, sous la forme d'épidémies de maladies virales plus graves que la normale.
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À partir de là, le concept devint viral et fit les gros titres de plusieurs médias anglophones au cours de l’été : début juillet 2021 The Guardian expliquait à son tour que les mesures préventives auraient causé une “dette immunitaire” provoquant la hausse des infections à VRS (Virus Respiratoire Syncytial) dans un article affirmant comme une évidence : “New Zealand children falling ill in high numbers due to Covid ‘immunity debt’” (“Les enfants néo-zélandais tombent malades en grand nombre à cause de la "dette immunitaire" du Covid”).
Le lendemain, la “dette immunitaire” était de nouveau citée au sujet de la hausse des infections respiratoires au Royaume-Uni, pendant que The Independant titrait de son côté : “Covid ‘immunity debt’ sees influx of sick children in New Zealand hospitals” (“La "dette immunitaire" de Covid entraîne un afflux d'enfants malades dans les hôpitaux néo-zélandais”).
L’article, citant la publication de R. Cohen et al. expliquait alors que ce “phénomène survient quand les gens qui n’ont pas été exposés à un niveau normal de virus et de bactéries subissent une hausse des infections après le retour à la vie normale”.
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La “dette immunitaire” fut bien sûr relayée par les médias Néo-Zélandais alors les services pédiatriques étaient confrontés à une hausse des hospitalisations pour bronchiolites à VRS, et The Australian ne manqua pas de l’évoquer comme l’un des nombreux effets collatéraux des confinements sur les enfants. Au même moment un article du Global News expliquait à ses lecteurs canadiens que la “dette immunitaire” était liée à un manque de stimulation immunitaire, dans un article au titre inquiétant, “Will Canada’s COVID-19 babies face ‘immunity debt’?” (“Les bébés canadiens du COVID-19 devront-ils faire face à une « dette d'immunité » ?”).
L’article de R. Cohen et al. fut même cité par le New York Time pour expliquer que les enfants de Nouvelle-Zélande seraient plus vulnérables que d’habitude face à la grippe et au VRS. Dès le mois de juillet Sky News promettait l’arrivée d’un hiver difficile et “misérable”, et un mois plus tard The Independant lançait de nouveau l’alerte au sujet d’une “dette immunitaire Post-Covid” alors que des bébés étaient hospitalisés aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande au cours de l’été pour des infections à VRS habituellement hivernales.
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À la fin de l’été 2021, R. Cohen était interviewé dans Atlantico où il anticipait une hausse en France des bronchiolites et d’autres maladies qui avaient diminué sous l’effet des mesures de lutte contre le Covid. Le pédiatre avertissait : “toutes ces maladies qui n’ont pas circulé n’ont pas permis aux enfants de s’immuniser. On peut parler de “dette immunitaire” qui peut se payer par la suite”.
Au fil des mois suivants, après la deuxième rentrée scolaire de la pandémie et à l’approche de la saison hivernale, cette “théorie” fut donc régulièrement et naturellement invoquée face à la recrudescence des infections respiratoires. L’idée que les enfants seraient devenus plus vulnérables parce-que surprotégés et privés d’infections par les mesures préventives se propagea dans de très nombreux médias en France et dans d’autres pays2 comme une évidence.
Au Royaume-Uni, où le concept avait rencontré un vif succès, d’autres articles au ton plus ou moins alarmant lui furent consacrés, comme cette publication du magazine New Stateman qui insista sur la vulnérabilité causée par “une vie sans microbes”, tandis que dans The Sun et The Telegraph, on pouvait lire que la “dette immunitaire” était responsable du “pire rhume qui soit”.
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En France, le Nouvel Obs s’inquiéta peu après la rentrée scolaire des conséquences des mesures sanitaires, et notamment des “longs mois de distanciation sociale” (ndlr: les écoles avaient été fermées quelques semaines et non pas pendant de “longs mois”), qui pourraient avoir “affaibli l’immunité des enfants”, les obligeant à “devoir affronter plus fortement les maladies infantiles ou encore les allergies”. Pour l’auteur de l’article, face à un tel danger, vacciner ou non les enfants n’était “peut-être pas aujourd’hui la plus importante question de santé publique”.
Face à la hausse des indicateurs et à la saturation des urgences pédiatriques, le journal 20 minutes anticipait à son tour une explosion épouvantable des cas de bronchiolites au cours de l’hiver 2021 en évoquant la recrudescence des cas déjà observée en Australie. Deux jours plus tard à peine, on pouvait lire dans Ouest France que la saturation des urgences par les cas de bronchiolites était liée au fait que le système immunitaire des enfants “très protégés” par les mesures préventives n’avait pas été stimulé.
À son tour, alors qu’environ 1800 enfants avaient déjà été conduits aux urgences et qu’un peu plus d’un sur trois avait dû être hospitalisé en raison d’une bronchiolite, mettant les hôpitaux sous tension, Le Monde expliqua que la “dette immunitaire” était le “revers de la médaille” pour avoir “échappé” aux infections hivernales grâce aux mesures préventives. Le journal La Croix évoqua quant à lui un “manque de stimulation” du système immunitaire “du fait des mesures barrières”, dans un article suggérant qu’il s’agissait d’une préoccupation de l’ensemble du corps médical : “Gestes barrières : la « dette immunitaire » inquiète les médecins”.
Puis ce fut au tour de BFMTV Lyon d’annoncer aux téléspectateurs que “les confinements ont contribué à diminuer les défenses immunitaires chez les enfants”, d’où résulterait l’“explosion des cas de bronchiolites aux urgences pédiatriques”. Les plus jeunes paieraient ainsi le prix de la prévention, par “une "dette immunitaire" causée par “une surprotection (masque, confinement...)”.
Deux jours plus tard R. Cohen invité cette fois sur Europe 1 expliquait comme une évidence que les enfants privés de contact avec des virus et des bactéries “s’immunisaient moins bien”, une idée qui sera relayée plus tard par Le Parisien et France 3 Île-de-France. Sur France Info, le Dr Damien MASCRET s’en faisait également l’écho au sujet du retour du “rhume” en expliquant qu’“On va tous être plus sensibles aux infections respiratoires. En hiver dernier, notre système immunitaire n'a pas été stimulé. C'est d'autant plus dangereux pour les plus jeunes et pour les plus âgés”.
Enfin, l’idée d’une “dette immunitaire” figura même parmi les déclarations d’experts proposées par le Science Media Centre britannique à propos de la hausse des cas de norovirus en Angleterre. Ce type de centre a été crée au Royaume-Uni au début des années 2000 pour permettre aux scientifiques de mieux communiquer avec les médias, accédant ainsi à une information scientifique fiable. Depuis lors, des centres similaires ont été créés en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Canada, au Japon, et sont régulièrement utilisés par les médias de tous pays. Par ce biais, le concept inventé par R. Cohen et al. devint donc une information incontournable et fiable pour de nombreux journalistes à travers le monde.
Ainsi, en l’espace de quelques mois, la “dette immunitaire” imaginée par certains pédiatres en mai 2021 était devenue dans les médias et “selon les médecins” une menace bien plus inquiétante pour les enfants que ne l’était le Covid, un virus émergent classé BSL-3.
Mais ces craintes auraient dû être de courte durée, puisque logiquement l’explosion des infections respiratoires devait rattraper le retard d’entraînement du système immunitaire, combler le déficit d’immunité et ainsi rembourser la “dette”.
Cependant, ses inventeurs n’avaient fixé aucun terme.
Et pendant les 3 années qui suivirent, loin de tomber dans l’oubli, le concept fut convoqué régulièrement par les médias et de nombreux experts de tous pays, soit pour expliquer les triples épidémies majeures d’infections respiratoires virales (grippe, VRS, Covid), les flambées de “pneumopathies”, les “maladies sans fin” ou les “super rhumes”, soit comme cause possible voire exclusive de la recrudescence importante et parfois grave de diverses infections habituellement peu fréquentes : Streptocoque A, Méningocoque, Parvovirus, Bordetella pertussis (coqueluche), Pneumocoque…etc.
L’idée que les mesures préventives auraient rendu les enfants plus vulnérables faute d’exposition aux agents pathogènes courants était désormais banale et durablement ancrée dans le débat public comme une hypothèse sérieuse.
En France, la “dette immunitaire” s’est d’autant plus facilement imposée que, outre ses allures de concept frappé au coin du bon sens épidémiologique, l’idée fut soutenue par un réseau d’associations savantes qui ont assuré sa promotion dans les médias mais aussi dans le milieu médical et auprès des autorités sanitaires.
Un concept soutenu par un réseau de sociétés savantes
Bien que l’article de R. Cohen et al. soit présenté comme une prise de position du Groupe des Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP) sur la “dette immunitaire”, en réalité la plupart de ses auteurs (sept sur dix) sont membres plusieurs “sociétés savantes” : l’Association Clinique et Thérapeutique Infantile du Val de Marne (ACTIV), l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire (AFPA), et le Groupe de Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP). Ces associations sont par ailleurs étroitement liées les unes aux autres par des structures, activités et membres communs.
Ainsi, parmi les auteurs, certains sont membres de plusieurs associations à la fois. E. Grimprel. C. Levy, A. Rybak et N. Ouldali sont tous membres de l’AFPA, du GPIP et de l’ACTIV. R. Cohen est aussi impliqué dans chacune de ces structures : il est à la fois membre du bureau et directeur scientifique de l’ACTIV, membre du bureau et de la commission scientifique de l’AFPA et président du GPIP.
D’autres membres font partie du Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil (CHIC), un établissement de santé dont le Centre de Recherche Clinique organise, via un pôle promotion, des formations en partenariat avec l’association de recherche ACTIV. Par ailleurs cette dernière est, avec le GPIP, partenaire du centre national de référence de pneumocoques du CHIC.
Le GPIP (présidé par R. Cohen) et le GFRUP (présidé par F. Angoulvant) sont, avec d’autres associations, des groupes de spécialité de la Société Française de Pédiatrie (SFP). Toutes ces associations font partie, avec l’AFPA et de nombreux autres groupes, du Conseil National Professionnel de Pédiatrie (CNPP) présidé par R. Cohen.
L’AFPA, la SFP et le GPIP collaborent aussi avec l’ACTIV dans le cadre d’Infovac, un site d’information sur la vaccination dont R. Cohen est membre (coordinateur d'experts, rédacteur du site). Enfin, l’AFPA a fondé le réseau PARI (Pediatric and Ambulatory Research in Infectious diseases network - Réseau de recherche pédiatrique et ambulatoire sur les maladies infectieuses) avec l’ACTIV.
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L’article de R. Cohen et al. sur la “dette immunitaire” n’est donc pas le fruit du travail d’un groupe de chercheurs indépendants comme certains médias le suggèrent parfois, mais repose en réalité sur des associations de pédiatres liées entre elles par des structures et des activités communes, dont les membres assurent diverses missions : promotion de la vaccination, surveillance des pathologies infectieuses, formation des professionnels de santé et information du public. Si elles semblent investies de missions relevant de la santé publique, ces associations poursuivent avant tout un intérêt privé. L’AFPA par exemple, est étroitement liée à l’AFPA R&D, qui mène des activités commerciales sous le statut de SAS et reverse une grande partie de ses gains à l’AFPA, dont des dividendes.
En dehors de ces associations de pédiatres, R. Cohen et al. ont aussi bénéficié du concours de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française (SPILF).
Présidée alors par Pierre TATTEVIN (désormais vice-président), cette association compte parmi ses membres un nombre important de professionnels de santé intéressés par les maladies infectieuses. Surtout, la SPILF édite également plusieurs revues scientifiques, dont “Infectious Disease Now” (IDN), revue dans laquelle fut publié l’article de R. Cohen et al. sur la “dette immunitaire” en 2021.
Or, cette association collaborait déjà étroitement avec le GPIP, l’AFPA et la Société Française de Pédiatrie dans le cadre du site Infovac, et toutes avaient également adopté plusieurs positions communes s’agissant du Covid chez les enfants (dont leur vaccination) depuis le début de la pandémie.
Par ailleurs, R. Cohen fait partie du groupe de travail “Consensus et recommandations” coordonné notamment par Jean-Paul STAHL, professeur émérite de Maladies Infectieuses, membre du conseil d’administration de la SPILF mais aussi le rédacteur en chef de la revue Infectious Diseases Now.
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Autrement dit, l’article sur la “dette immunitaire” a été publié dans une revue (Infectious Disease Now) appartenant à une association (la SPILF) qui collabore étroitement avec les inventeurs de ce concept et les diverses associations dont ils sont membres. Et c’est aussi la SPILF qui publia sous 8 jours un éditorial de A. Rybak, N. Ouldali, C. Levy, R. Cohen, E. Grimprel et F. Angoulvant censé confirmer l’existence de la “dette immunitaire”.
En dehors de ces publications, la SPILF affirma par exemple dans un communiqué de presse commun avec la SFP, le GPIP et l’AFPA que “l’hypothèse la plus probable” expliquant la hausse importante des infections à Streptocoque A restait celle de la “dette immunitaire”.
Enfin, parmi les autres associations hors pédiatrie qui ont relayé la “dette immunitaire”, figurent également la SF2H (Société Française d’Hygiène Hospitalière) et la SFM (Société Française de Microbiologie), toutes deux étroitement liées à la SPILF.
La SF2H et la SPILF, qui collaboraient déjà au début de la pandémie, sont désormais associées à la stratégie nationale de prévention des infections et de l’antibio-résistance 2022-2025. Sara ROMANO-BERTRAND, présidente du conseil scientifique de la SF2H, qui est aussi membre du comité éditorial de la revue Infectious Disease Now éditée par la SPILF, affirmait ainsi dans un éditorial publié début 2023 que :
(…) un autre effet secondaire plus délétère auquel nous étions moins préparés pourrait être un déficit immunitaire avec pour corollaire une vulnérabilité exacerbée à de nombreux pathogènes respiratoires. Cette dette immunitaire liée à la généralisation du port de masque et des mesures barrières pourrait probablement expliquer la plus forte proportion de formes graves de bronchiolites nécessitant l’hospitalisation, y compris chez des enfants plus âgés qu’à l’accoutumée.
De son côté, la SFM a aussi relayé l’idée d’une “dette immunitaire” avec la SPILF et la SFP dans un communiqué de presse commun sur la vaccination contre la grippe pour l’hiver 2021-2022, affirmant que “l’absence de contact de la population avec ces virus pendant toute une saison est à l’origine d’un phénomène de « dette immunitaire » fragilisant de nombreuses personnes, de jeunes enfants en particulier, peu ou non immunisés”. Or, la SFM a aussi régulièrement collaboré avec la SPILF et la SF2H, notamment pour mettre fin aux tests Covid dans les hôpitaux tout en négligeant la transmission de ce virus par aérosols.
Ainsi, la théorie de la “dette immunitaire” s’inscrit dans le cadre d’un réseau d’associations étroitement liées entre elles depuis plusieurs années par des activités, structures et membres communs. Et ce réseau sera un soutien essentiel dans la promotion du concept inventé par R. Cohen et al., non seulement dans les médias mais aussi auprès des autorités sanitaires.
L’illusion d’un consensus des pédiatres et des infectiologues
Les membres de ces associations ont joué un rôle important dans la promotion médiatique de la “dette immunitaire” au cours de ces dernières années.
Par ailleurs, le recours à des agences de communication dont le rôle est de favoriser notamment la visibilité médiatique fait partie intégrante des stratégies soutenant l’activité de ces associations de pédiatres.
Tel est le cas en particuliers de l’AFPA, qui faisait appel par exemple à l’agence Ljcom. L’une des missions de cette agence est d’amplifier la visibilité dans les médias et de transformer “l’information en actualité”. À cette fin sont proposés par exemple un service de relations médias sur-mesure répondant aux besoins de médiatisation et de gestion de l’opinion, l’élaboration d’éléments de langage, un mapping de journalistes, leaders d’opinion et influenceurs.
Aussi, certains membres de ces associations de pédiatrie, tels que R. Cohen, Christelle GRAS LE GUEN (alors présidente de la SFP) et Fabienne KOCHERT (alors présidente de l’AFPA), avaient déjà fait des apparitions récurrentes dans les médias depuis le début de la pandémie pour défendre leur position sur divers sujets, tels que la prévention à l’école, la vaccination des enfants contre le Covid, ou d’autres vaccins et traitements.
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Malheureusement, les liens existants entre les experts évoquant la “dette immunitaire” et les inventeurs de ce concept ne sont jamais mentionnés explicitement par la presse ni les autres médias, ce qui a pu contribuer à créer l’illusion d’un consensus des spécialistes ou de “tous les pédiatres”.
Bien sûr, dès 2021 R. Cohen, assura la promotion de sa théorie dans la presse, à la radio et sur les plateaux, ne ratant jamais une occasion de l’évoquer même quand ce n’est pas le sujet. Trois ans après, le pédiatre y faisait encore référence sous forme de “témoignage” et en tant que président du GPIP, pour expliquer la recrudescence très importante et inquiétante des cas de coqueluche. Le fait qu’il soit aussi l’un des auteurs de l’article sur la “dette immunitaire” ne fut mentionné nulle part, et la chaîne publique France Info choisit d’intituler le paragraphe pourtant consacré à la vaccination contre la coqueluche : “Une "dette immunitaire" après le Covid”.
De la même manière, les médias recueillirent l’opinion de divers pédiatres et spécialistes sans expliciter leurs liens avec les inventeurs de la “dette immunitaire”. Cette promotion médiatique, souvent exclusive de tout autre avis, a ainsi contribué à créer l’illusion d’un consensus des pédiatres français.
Par exemple, C. Gras-le-Guen, exerçant au CHU de Nantes, évoqua la “dette immunitaire” comme s’il s’agissait d’un fait établi dès le mois d’octobre 2021 dans le journal Le Monde en tant que présidente de la Société Française de Pédiatrie (SFP).
Mais ses liens avec les inventeurs du concept via plusieurs associations ne furent jamais mentionnés, alors qu’elle était aussi secrétaire adjointe du GPIP et vice-présidente du CNPP présidé par R. Cohen. Il ne fut pas davantage rappelé que la SFP comptait parmi ses membres le GFRUP présidé par F. Angoulvant, ni qu’elle collaborait avec l’ACTIV et l’AFPA, ou qu’elle faisait partie du Conseil National Professionnel de Pédiatrie (CNPP) présidé par R. Cohen.
Dans un article paru au cours du même mois c’est Bénédicte VRIGNAUD, cheffe des urgences pédiatriques du même CHU, qui expliquait la hausse des bronchiolites saturant les urgences par le fait que les enfants avaient été très protégés par les mesures de luttes contre le Covid et que leur système immunitaire n’aurait pas été stimulé. Et de conclure, comme si le concept était déjà bien connu des infectiologues : “Ils ont ce qu’on appelle une dette immunitaire”. Là encore, l’article ne mentionnait nulle part que la pédiatre était aussi membre de la commission scientifique du GFRUP présidé par F. Angoulvant, l’un des inventeurs du concept.
De son côté Catherine TUBERG-ROMAIN, présentée tantôt comme une “pédiatre à Paris” tantôt comme une pédiatre membre de la Société Française de Pédiatrie (SFP), évoqua aussi la “dette immunitaire” auprès de France 3 Paris Ile de France dès le mois d’octobre 2021. Un mois plus tard cette pédiatre expliquait de nouveau à propos de la hausse des cas de bronchiolites que les confinements avaient créé une “dette immunitaire”, qui aurait “fragilisé les bébés nés durant ces derniers mois”. Là encore, sans aucune mention de sa participation au VIGIL Study Network aux côtés de R. Cohen, ni des liens de la SFP et du GPIP à l’origine du concept.
Quelques jours jours plus tard c’est Fabienne KOCHERT, alors présidente de l’AFPA, qui expliquait à son tour la hausse des infections virales par la “dette immunitaire” contractée suite au confinement et ce, sans aucune mention de sa fonction de vice-présidente du CNPP présidé par R. Cohen, ni des liens de l’AFPA avec les inventeurs de la “dette immunitaire”. À ses côtés, JP Stahl assura également la promotion du concept comme professeur d’infectiologie au CHU de Grenoble, sans un mot sur sa fonction de rédacteur en chef de la revue Infectious Diseases Now et de membre du conseil d’administration de la SPILF qui publia l’article sur la “dette immunitaire”.
Plusieurs fois sollicitée par les médias pour commenter la hausse des cas de bronchiolites ou de syndrome pieds-mains-bouche, F. Kochert fut présentée comme présidente ou ancienne présidente de l’AFPA, sans que soient mentionnés sa fonction de vice-présidente du CNPP présidé par R. Cohen, ni les liens de l’AFPA avec les inventeurs de la “dette immunitaire”. En octobre 2022, sur le plateau de la chaîne publique France 3, comme s’il s’agissait d’un avis indépendant, la pédiatre mettait ainsi la dangereuse saturation des services pédiatriques au compte des mesures préventives, expliquant que “les confinements ont changé les règles” et qu’“avec les confinements successifs, notre organisme n'a pas été exposé pendant un certain temps à la pression virale, et donc nous nous sommes affaiblis”.
En 2021 Christophe BATARD, présenté comme un membre de l'AFPA, évoqua également ce concept sur France Info pour expliquer la recrudescence des cas de bronchiolites. Moins présent que d’autres pédiatres dans les médias, son avis pouvait sembler indépendant, d’autant que ses liens avec les inventeurs de la “dette immunitaire”, notamment sa fonction d’expert du site Infovac aux côtés de R. Cohen ou encore le rôle de l’AFPA dans l’émergence du concept, n’étaient pas mentionnés.
Un an après, Odile LAUNAY, présentée comme infectiologue à l’hôpital Cochin, expliquait cette fois dans le magazine Le Point que le “retour en force” de la grippe était lié à l’existence d’une “dette immunitaire”, sans que soit mentionné son rôle d’experte du site Infovac aux côtés de R. Cohen - incluant la rédaction de plusieurs bulletins citant le concept - ni le fait qu’elle soit membre du groupe vaccination et prévention de la SPILF.
Dans la presse régionale, notamment Var Matin et Nice Matin, c'est en tant que chef du service de pédiatrie du Centre Hospitalier Princesse Grace à Monaco que, à plusieurs reprises, Hervé HAAS expliqua, comme s’il s’agissait d’un fait établi, que la hausse des cas de bronchiolites, puis des infections à méningocoques et des cas de coqueluche, était le résultat d’une “dette immunitaire” que les enfants auraient à rembourser suite au confinement de 2020. À aucun moment sa fonction de secrétaire du GPIP, présidé par R. Cohen, ne sera précisée.
En avril 2022, intervenant sur la hausse inquiétante des cas de rougeole, François VIÉ LE SAGE fut présenté comme un pédiatre membre de l'AFPA et d'Infovac, sans aucun rappel des liens existants avec les inventeurs de la “dette immunitaire”. Pour expliquer la recrudescence des cas ayant donné lieu à une alerte de l'OMS, le pédiatre cita le recul de la vaccination mais expliqua également que des gens n’avaient “pas fait leur immunité naturelle parce-qu'ils n'ont pas rencontré les maladies et donc on a ce qu'on appelle une dette immunitaire qui va se payer”. Suite à l’interview de ce pédiatre “expert en vaccinologie”, au lieu d’insister sur la vaccination RFI (Radio France Internationale) titrera finalement : “Explosion des cas de rougeole dans le monde : "On a une dette immunitaire qui va se payer"”.
Enfin, Mathieu REVEST, décoré en tant que chevalier de l’Ordre national du mérite en 2021 notamment pour son travail d’information et de vulgarisation au cours de la crise sanitaire, défendait encore la pertinence de ce concept dans Ouest France en novembre 2023 :
L’hypothèse d’une dette immunitaire, qui se serait constituée avec les confinements, n’est cependant pas fantaisiste, mais elle n’a pas encore été démontrée. « Nous avons été moins exposés à des pathogènes, donc nous avons perdu un peu d’immunité, résume le médecin. L’an dernier, nous avons eu une augmentation des infections graves avec une bactérie, la cryptocoque de groupe A. Il y a un faisceau d’indices qui conduisent vers la dette immunitaire.
Là encore, il ne fut précisé nulle part qu’il était aussi membre du comité de rédaction de la revue Médecine et Maladies Infectieuses Formation, l’autre revue éditée par la SPILF, ni qu’il exerçait dans le service maladie infectieuse dirigé par P. Tattevin, alors président de cette association.
En 2023, Andreas WERNER, actuel président de l’AFPA évoquait la “dette immunitaire” pour expliquer la hausse des cas de métapneumovirus sur la chaîne TF1, là encore sans aucune mention des liens de son association avec les inventeurs du concept. Et en juillet 2024, alors que l’on recensait 17 décès d’enfants tués par la coqueluche en très forte recrudescence depuis le début de l’année, Antoine OUZIEL, invité à s’exprimer sur France Info en tant que “praticien hospitalier à l'hôpital Femme Mère Enfant de Lyon”, expliqua une fois n’est pas coutume, que "(…) cette année, il est plus fort parce que pendant les périodes de confinement, il y a eu une diminution de l'immunité de la population, c'est ce qu'on appelle la dette immunitaire". Et là encore, il ne sera précisé nulle part que ce pédiatre est aussi membre du GPIP.
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Ainsi, pendant plusieurs années, différents membres des associations de pédiatrie et autres “sociétés savantes” ont largement contribué à diffuser la “dette immunitaire” dans les médias français et ce, sans que leurs liens avec les inventeurs du concept ne soient explicitement rappelés. Ce traitement médiatique, tenant plus de l’activité de promotion que de l’information - d’autant que la “dette immunitaire” est souvent la seule hypothèse présentée - a ainsi largement contribué à créer l’illusion d’un consensus des pédiatres et autres experts autour de cette théorie.
Au-delà de cette promotion médiatique, l’hypothèse d’une “dette immunitaire” parut d’autant plus crédible qu’elle fut aussi adoptée par certaines autorités sanitaires dans le cadre d’une collaboration avec les différentes sociétés savantes participant régulièrement à des actions de santé publique.
Par exemple en 2021 l’AFPA était représentée auprès Santé publique France (SpF), l’agence nationale de santé publique sous tutelle du Ministère de la Santé, par Sylvie HUBINOIS, experte du site Mpedia, Présidente de la branche DPC - Etudes et de Recherche de l’AFPA, membre de la Commission scientifique de l’association et membre du CNPP (présidé par R. Cohen), de 2020 à 2023.
Par ailleurs, un autre membre de l’agence nationale, Sylvie QUELET, appartenait aussi au groupe "vaccination et prévention" de la SPILF, dont la revue (Infectious Disease Now) a publié l'article de R. Cohen et al. sur la “dette immunitaire”
Enfin, les données dont dispose SpF sur le Covid chez les enfants sont en partie issues, depuis octobre 2021, d’une collaboration avec les sociétés savantes et les experts qui ont soutenu le concept de “dette immunitaire”, dans le cadre peu transparent du réseau PICURe et de l’étude PANDOR impliquant la SFP, le GFRUP présidé par F. Angoulvant, ainsi que l’ACTIV et le GPIP dont R. Cohen est membre.
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Au gré de ces collaborations, la “dette immunitaire” fut ainsi implicitement ou explicitement mentionnée dans divers bulletins et bilans de l’agence nationale de santé publique dès la fin de l’année 2021, comme une cause plausible de la recrudescence des cas de bronchiolites, des infections à streptocoques et à méningocoques mais aussi plus récemment des cas de Parvovirus.
Cette hypothèse fut de nouveau citée par Sophie VAUX (rédactrice en chef de SpF) parmi les causes probables de la hausse des bronchiolites au cours de la saison 2021-2022. L’étude, qui figurera ensuite dans le bilan SpF 2022-2023 relatif aux bronchiolites, fut publiée dans la revue de la SPILF (Infectious Diseases Now) et comporte une note de remerciement adressée à F. Angoulvant, co-auteur de l’article sur la “dette immunitaire” et C. Gras le Guen, alors présidente de la SFP, qui a participé à la promotion du concept.
Par ailleurs, la “dette immunitaire” figure également dans l’avis du HCSP (Haut Conseil de la Santé Publique) sur les mesures d’hygiène universelles qui sert de base aux recommandations communiquées au public par les autorités sanitaires. Or, le président actuel du HCSP est Didier LEPELLETIER, ancien membre du conseil scientifique de la SF2H qui a relayé le concept avec d’autres associations. De plus, la Commission spécialisée “Maladies infectieuses et maladies émergentes” du HCSP compte parmi ses membres M. Revest, qui est aussi membre du comité de rédaction de la revue Médecine et Maladies Infectieuses Formation (l’autre revue éditée par la SPILF) et qui a également relayé la théorie de R. Cohen et al.
Il est même possible d’en trouver mention dans un rapport de la DREES, ou dans les lettres d’information de certaines Agences Régionales de Santé (ARS) comme celle de l’ARS Guyane à propos de la grippe, ou encore celle de l’ARS d’Ile de France (ARS IDF) à propos de la bronchiolite. Dans ce dernier cas, la lettre d’information fut rédigée par Éric LACHASSINE, référent à la Direction de l'Offre de soins de l'ARS IDF, mais aussi membre du CNPP (Conseil National Professionnel de Pédiatrie), présidé par R. Cohen.
Enfin, Adrien TAQUET, ancien Secrétaire d'État chargé de l'Enfance et des Familles, co-président des Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant avec C. Gras Le Guen, cita également la “dette immunitaire” devant la Commission des Affaires sociales du Sénat. Et cette théorie figure aussi désormais dans le rapport du Sénat du 4 juillet 2023 sur la pénurie de médicaments et les choix de l’industrie pharmaceutique française et dans le rapport de l’Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST) sur “La lutte contre la pandémie de la Covid-19” devant lequel elle fut évoquée par R. Cohen.
Promotion de la “dette immunitaire” dans le milieu médical
Au-delà de son succès médiatique et de sa promotion auprès des autorités sanitaires, la “dette immunitaire” a aussi très rapidement intégré le champ de l’information médicale.
Les associations de pédiatrie et leurs membres éditent en effet des revues et des sites d’information où leur concept fut présenté à plusieurs reprises comme un fait établi bien connu des infectiologues.
L’AFPA édite par exemple le site Mpedia, dédié à l’information des parents notamment par le biais d’articles qui seraient validés par un comité scientifique. Ce site compte 160 experts, parmi lesquels R. Cohen et d’autres promoteurs de la “dette immunitaire”, et selon le rapport moral de l’AFPA pour 2022, sur un mois l’audience du site s’élevait à 675 000 visiteurs, près d'1 million de pages visitées et 1,4 million de pages vues.
En février 2023 puis en mai 2024 on pouvait encore y lire que la recrudescence des cas de scarlatine serait liée à la “dette immunitaire”, présentée comme si elle faisait consensus chez les infectiologues.
(…) le fait que la scarlatine revienne en force ces dernières semaines est lié à la crise sanitaire du covid que nous avons traversée. Pendant les confinements et avec l’application des gestes barrières, les enfants ont peu été confrontés aux virus et aux bactéries. Ainsi, leur système immunitaire a été moins stimulé durant cette période, c’est ce que les infectiologues appellent « la dette immunitaire ».
Un autre expert, Andréas WERNER, actuel président de l’AFPA et membre de l’ACTIV, expliqua également à un parent qui s’interrogeait sur la vaccination contre la varicelle, que “la "dette immunitaire" suite à la pandémie SARS CoV2 est effectivement un risque supplémentaire d’épidémie de varicelle plus importante.”
L’information diffusée par ce site est par ailleurs d’autant plus crédible que Mpedia compte, parmi ses partenaires institutionnels, le Ministère des Solidarités et de la Santé avec le site Santé.fr, Santé publique France, Caisse Nationale d’Assurance Maladie, avec le site ameli.fr, ou encore l’ARS Nouvelle Aquitaine.
Par ailleurs, l’AFPA édite également la revue “Le cahier du Pédiatre” qui publie les actes de certains congrès comme la Réunion d’Infectiologie Pédiatrique de l’Arc Alpin où la “dette immunitaire” fut évoquée à plusieurs reprises, notamment en 2023 et en 2024.
Le concept est aussi régulièrement promu sur Infovac, un site qui a pour objet d’informer parents et professionnels sur les vaccins, qui implique un réseau important de pédiatres et qui repose sur une collaboration d’InfoVac-Suisse, de l’ACTIV, du GPIP, de la SFP et de l’AFPA. R. Cohen est également l’un des membres experts de ce site, rédacteur de nombreux bulletins aux côtés d’Odile Launay, Catherine Weil-Olivier, Olivier Romain, Véronique Dufour, Pierre Bégué, Pierre Bakhache, Marie-Aliette Dommergues, Joël Gaudelus, Hervé Haas, Isabelle Hau, Maeva Lefebvre, Didier Pinquier, Georges Thiebault, François Vie le Sage, Claire-Anne Siegrist.
Depuis 2021, plusieurs recommandations et bulletins d’actualité publiés sur ce site d’information mentionnent la "dette immunitaire" comme un fait scientifiquement établi expliquant toute recrudescence significative des infections virales et bactériennes en pédiatrie : hausse des infections à VRS, de la hausse des infections bactériennes à streptocoque A, des infections invasives à Méningocoque (IIM), ou encore celle des infections à Mycoplasma pneumoniae (Mp).
Le bulletin de janvier 2023 commence ainsi par “Dette immunitaire oblige, la revanche des virus et bactéries respiratoires hivernaux est sans pitié”.
Un effet de style que chacun appréciera dans le contexte d’une recrudescence majeure des infections respiratoires, des hospitalisations pédiatriques, et des décès d’enfants emportés par des infections bactériennes graves pourtant évitables.
La “dette immunitaire” fit également l’objet de plusieurs articles dans la revue Médecine & Enfance, qui publia la version française de l’article de R. Cohen et al. en 2021. Or, R. Cohen fait également partie du comité scientifique de cette revue de la société Édimark, détenue par le grand groupe d’édition médiale Philia Medical Editions et qui publia également plusieurs articles, éditoriaux et comptes rendus de congrès assurant la promotion de cette théorie.
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Ainsi, la “dette immunitaire” fut diffusée dans le milieu médical par le biais de mentions récurrentes sur les sites d’information, dans les revues médicales spécialisées - le concept apparaît même sur Medscape, dans le Vidal, sur le Quotidien du Médecin et dans Le Généraliste - et au cours d’un certain nombre de congrès participant à la formation professionnelle des praticiens.
Enfin, la diffusion du concept de “dette immunitaire” doit également beaucoup aux laboratoires collaborant avec les réseaux d’associations de pédiatrie et R. Cohen, par ailleurs déjà sanctionné pour ne pas avoir déclaré ses liens d’intérêt.
Ainsi, l’ACTIV, dont le but initial était d’être “une interface entre les laboratoires et des investigateurs pédiatres formés à la pratique des essais cliniques”, l’AFPA, la SFP et la SPILF comptent parmi leurs partenaires plusieurs laboratoires tels que MSD (Merck Sharp et Dohme), Pfizer, Sanofi, et GSK (GlaxoSmithKline)3.
Que ces laboratoires aient apporté leur soutien aux inventeurs de la “dette immunitaire” n’est pas très surprenant : dès 2021 R. Cohen et al. envisageaient la vaccination comme seul remède à l’inquiétante “dette immunitaire”, et ils utilisèrent ensuite régulièrement le concept en faveur d’une extension des programmes de vaccination, y compris en Europe, et pour la promotion de certains traitements.
Ainsi au Congrès national de l’AFPA (Association Française de Pédiatrie Ambulatoire) organisé en juin 2021, le symposium sur “la dette immunitaire de la pandémie Covid19” fut soutenu par Sanofi-Pasteur.
Depuis, le concept figure dans un abécédaire sur la “vaccination SarsCov2” écrit par R. Cohen et publié dans le recueil des communications de ce congrès avec le soutien de trois laboratoires, Sanofi-Pasteur, GSK et MSD.
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Plus tard, alors que la “dette immunitaire” faisait l’objet de sérieuses critiques de la part de la communauté scientifique et médicale, ses inventeurs obtinrent le soutien financier de plusieurs laboratoires pour produire une nouvelle étude censée démontrer l’existence de ce concept.
GSK, MSD, Pfizer et Sanofi contribuèrent ainsi à l’étude “Trends in pediatric ambulatory community acquired infections before and during COVID-19 pandemic: A prospective multicentric surveillance study in France” (23 août 2022), menée par R. Cohen et d’autres membres de l’AFPA et du GPIP.
En l’occurence, les fonds nécessaires furent même sollicités par R. Cohen et C. Levy. Par ailleurs, le réseau de surveillance PARI utilisé dans le cadre de cette étude et fondé par l’AFPA et l’ACTIV, est lui-même soutenu par GSK, Sanofi, Pfizer, Merck Sharp & Dohme LLC.
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L’étude concluait alors que
Après la levée de la plupart des NPI, l'augmentation de la survenue de plusieurs maladies infectieuses, un changement de saisonnalité pour beaucoup, et un changement d'âge pour certains se combinent pour souligner l'intérêt du concept de dette d'immunité. Nos résultats soulignent également la nécessité d'obtenir une meilleure couverture pour les vaccins recommandés, d'étendre les programmes d'immunisation pour d'autres vaccins et d'assurer une surveillance continue des maladies infectieuses, en particulier dans la mesure où les épidémies sont en grande partie imprévisibles.
Un mois environ après sa publication, C. Gras le Guen faisait la promotion sur France Info d’un traitement préventif développé par Sanofi contre “les bronchiolites” dont la recrudescence avait été mise au compte d’une “dette immunitaire” pendant des mois. Ce traitement sera finalement recommandé par la HAS (Haute Autorité de Santé) en 2023.
Autre exemple, la vaccination contre le rotavirus, suspendue quelques années auparavant en raison d’effets secondaires très graves, fit également l'objet d'une note de cadrage de la HAS sollicitée par le laboratoire GSK (saisine le 25 novembre 2021) pour faire lever la suspension de la recommandation de vaccination généralisée des nourrissons de moins de 6 mois avec son vaccin ROTARIX. Un mois auparavant, C. Gras le Guen proposait déjà dans la presse de recourir à la vaccination contre le rotavirus pour atténuer les effets de la “dette immunitaire” liée aux mesures préventives.
Et, dans le cadre de son audition par la HAS, le Conseil National Professionnel de Pédiatrie (présidé par R. Cohen) invoqua de nouveau le concept au soutien de cette demande.
Si d'autres considérations, fondées sur les données disponibles, ont bien sûr été prises en compte, une fois de plus la "dette immunitaire" fut invoquée en vue d’obtenir la recommandation d’un vaccin. Le concept apparaît même, désormais, dans les recommandations finales de la HAS en faveur de la vaccination contre le rotavirus.
Par la suite, en novembre 2022, la “dette immunitaire” apparut de nouveau au bénéfice de deux vaccins contre le rotavirus - le Rotarix des laboratoires GSK et le RotaTeq des laboratoires MSD - dans l’article “The Value of Rotavirus Vaccination in Europe: A Call for Action” (“L'intérêt de la vaccination contre le rotavirus en Europe : Un appel à l'action”) visant à promouvoir cette vaccination en Europe.
L’article, dont l’un des auteurs est R. Cohen, était soutenu cette fois par le laboratoire GSK.
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Au cours du même mois, R. Cohen était interrogé par Le Monde au sujet de l’importante épidémie de bronchiolites, mais il en profita pour évoquer de nouveau la “dette immunitaire” en faveur du renforcement de la couverture vaccinale des plus jeunes contre le rotavirus, responsable de gastroentérites.
Entre-temps, au cours de la 56e Journée Parisienne de Pédiatrie en septembre 2022, “La dette immunitaire et son impact sur les méningites bactériennes à méningocoque”, furent présentés lors d’un symposium soutenu là encore par GSK.
Et là encore, ce soutien n’a pas de quoi surprendre.
En fait, la “dette immunitaire” était apparue pour la première fois dans un bulletin d’Infovac du 6 avril 2021 au soutien de la vaccination ACWY contre les Infections Invasives à Méningocoques (IIM), soit quelques semaines avant la publication de l’article de R. Cohen et al. (en ligne le 12 mai 2021).
Dans un paragraphe intitulé “Il n’y a pas que la COVID-19 !!!” les experts d’Infovac, dont R. Cohen, constataient une baisse de la vente de divers vaccins et regrettaient que la HAS (Haute Autorité de Santé), “prétextant (sic) la baisse des infections invasives à méningocoque depuis la pandémie COVID”, ne recommande toujours pas le vaccin tétravalent.
En effet, dans un avis du 11 mars 2021 la HAS indiquait que “si la situation épidémiologique des IIM avait poursuivi son évolution croissante au cours de l’année 2020, (…) l’intégration d’un vaccin méningococcique tétravalent au sein de la stratégie vaccinale aurait été considérée”. Cependant, en raison d’une chute des infections invasives à méningocoques à partir du mois d’avril 2020 grâce au confinement et au maintien des mesures de prévention du Covid d’une part, et des fortes incertitudes concernant l’évolution épidémiologique des IIM d’autre part, les recommandations ne seraient pas, pour l’instant, modifiées en ce sens. La surveillance épidémiologique devait toutefois faire l’objet d’une particulière vigilance pour évaluer la pertinence future de l’élargissement de la vaccination méningococcique, et l’avis était donc susceptible d’être révisé en fonction de l’évolution des données disponibles.
Quelques mois plus tard, en octobre 2021, les vaccins de Sanofi et Pfizer firent l’objet d’une réunion de la Commission de la Transparence de la HAS, où la “dette immunitaire” fut évoquée par Daniel FLORET, vice-président de la CTV (Commission Technique des Vaccinations) et ancien expert coordonnateur d’Infovac, qui précisa toutefois qu’il n’était pas l’auteur des diapositives utilisées pour sa présentation.
Selon lui “l’épidémiologie de 2019 plaidait très clairement en faveur de l’introduction d’une vaccination ACWY dans la stratégie française” mais depuis 2020, l’incidence des infections à méningocoque avait considérablement baissé, en lien avec les mesures barrières mises en place pour prévenir le Covid. Cependant, anticipant la levée des mesures, D. Floret évoqua “une reprise de la circulation des germes à transmission respiratoire, voire même d’un rebond du fait de la dette immunitaire”.
Pendant ce temps F. Kochert (alors présidente de l’AFPA), expliquait dans un article sur ce phénomène qui “inquiète les médecins”, que “la dette immunitaire existe aussi pour des bactéries, notamment celle qui entraîne la méningite à méningocoques », une infection « rare » selon elle mais qui, faute de vaccination, pourrait gagner un peu de terrain dans les prochains mois.
Ensuite, dans les médias, sur les sites d’information médicale et dans les congrès, la hausse significative des infections invasives à méningocoques (IIM) observée à partir de 2022 fut exclusivement mise au compte d’une “dette immunitaire” causée par les mesures préventives.
Cette hausse fut également décrite dans un article publié 2023 qui évoquait aussi le rôle de la “dette immunitaire”. L’étude, déposée en avril 2023 et soutenue par l’Institut Pasteur et Santé publique France, était menée notamment par Muhamed-Kheir TAHA, co-auteur de l’article publié par R. Cohen et al. en 2021, qui détenait également un brevet avec GSK.
Finalement, comme la hausse des IIM se poursuivait en 2023, la HAS sur saisine du DGS (Directeur Général de la Santé) révisa la stratégie de vaccination contre les méningocoques des sérogroupes B et ACWY, qui fut modifiée par un avis du 7 mars 2024. La HAS recommanda de rendre obligatoire la vaccination tétravalente chez tous les nourrissons, et elle fut également recommandée chez tous les adolescents entre 11 et 14 ans.
Enfin, c’est encore avec le soutien institutionnel des laboratoires MSD que furent publiés les comptes-rendus des Journées de Pathologie Infectieuse Pédiatrique Ambulatoire (JPIPA) organisées par la revue Médecine & Enfance, évoquant la “dette immunitaire” en 2022 et en 2023 au profit d’interventions ciblant les virus respiratoires, telles que l'immunoprophylaxie ou les vaccins contre le VRS et la grippe.
À l’international, les inventeurs de la “dette immunitaire” eurent aussi l’occasion d’en assurer la promotion via les congrès de la Société Européenne pour les Maladies Infectieuses Pédiatriques (European Society for Paediatric Infectious Diseases - ESPID), également soutenue par GSK, Sanofi, Pfizer, MSD et Moderna.
Le concept fut tout d’abord présenté au cours du congrès annuel de l’ESPID en 2022 par R. Cohen, C. Levy, E. Varon, S. Béchet, A. Rybak, N. Ouldali à propos des cas de méningites bactériennes.
Et l’année suivante le laboratoire GSK consacra un symposium entier à la “dette immunitaire”. L’un des intervenants fut Federico MARTINON-TORRES, pédiatre, qui avait déjà utilisé ce concept avec R. Cohen pour la promotion de la vaccination contre le rotavirus en Europe, avec le soutien de MSD et GSK, dans l’article déjà évoqué plus haut : The Value of Rotavirus Vaccination in Europe: A Call for Action.
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Ce symposium fit lui-même l’objet d’un compte-rendu publié par R. Cohen, avec le soutien institutionnel de GSK, sur le site d’information médicale édité par le groupe Édimark où le pédiatre affirmait de nouveau :
(…) on ne peut que constater que dans les pays où l'application des mesures d'hygiène pour les enfants a été stricte, nous avons, d’une part, perdu une grande partie de la saisonnalité des épidémies et d’autre part, la dette immunitaire est payée avec intérêts, les infections étant plus fréquentes et plus graves.
Suite aux congrès de l’ESPID, l’hypothèse d’une “dette immunitaire” fut relayée par plusieurs pédiatres participants, dont certains occupent des fonctions importantes auprès des autorités sanitaires de leur pays, ou sont très suivis sur les réseaux sociaux. Tel fut le cas de Shamez LADHANI (pédiatre membre du Joint Committee on Vaccination and Immunisation, membre de l’UK Health Security Agency) et d’Alasdair MUNRO (un pédiatre britannique de l’hôpital universitaire de Southampton), “social ambassador” du congrès de l’ESPID en 2023 qui évoqua la “dette immunitaire” dans The Telegraph et sur son blog qui compte de nombreux abonnés. De même, Cristina CALVO, qui avait assisté aux congrès de l’ESPID en 2022 et 2023, consacra un article entier à la “dette immunitaire” pour expliquer la forte recrudescence des infections invasives à Streptocoque A (IISGA) observée dans plusieurs pays, dont l’Espagne. Cet article sera publié dans le revue de l’association dont elle est membre (Asociaciòn Española de Pediatrìca) et disponible sur le site d’Elsevier.
Par ailleurs, c’est aussi le journal de l’ESPID (The Pediatric Infectious Disease Journal) qui publia par exemple le compte-rendu intitulé “The Changing Epidemiology of Respiratory Viruses in Children During the COVID-19 Pandemic: A Canary in a COVID Time” (“L'évolution de l'épidémiologie des virus respiratoires chez les enfants au cours de la pandémie de COVID-19 : Un canari en temps de COVID”) faisant une large place à la “dette immunitaire” et souvent cité en retour par R. Cohen et al. Quelques mois plus tard, Élisabeth WHITTAKER, maître de conférences en maladies infectieuses pédiatriques et en immunologie à l'Imperial College de Londres, co-auteure de ce compte-rendu, expliqua dans The Conversation - un journal “issu d'une étroite collaboration entre journalistes, universitaires et chercheurs qui propose d'éclairer le débat public grâce à des analyses indépendantes sur des sujets d'actualité” - que la recrudescence des infections à Streptocoque A s’explique par l’existence d’une “dette immunitaire”. En 2024, la pédiatre expliqua encore que l'épidémie de coqueluche était liée à une exposition à la bactérie extrêmement faible à cause des mesures préventives adoptée au début de la pandémie, ce qui avait “eu pour effet d'augmenter le nombre de personnes susceptibles d'attraper et de transmettre l'infection”. La vague serait donc importante car il y avait plus de personnes “vulnérables”.
Au final, la “dette immunitaire” est aussi devenue un argument des sociétés de pédiatrie pour la promotion des vaccins et traitements des laboratoires auxquels elles sont liées. D’ailleurs, les entreprises du médicament (LEEM) ne s’y sont pas trompées : citant R. Cohen, l’organisation reprit l’argument en vue de “consolider la politique vaccinale après la pandémie de Covid”. En retour, cette théorie a bénéficié d’une large diffusion dans le milieu médical français via articles, congrès et compte-rendus, en France et à l’international.
Le concept est même désormais mentionné dans un rapport du Centre National de Référence du Streptocoque A qui s’appuie par ailleurs sur d’autres articles du même groupe de pédiatres, et l’article de R. Cohen et al. sur la “dette immunitaire” figure parmi les références de l’Institut Pasteur sur le Covid. De plus, par le biais d’interventions pour le compte de divers laboratoires, cette théorie est dorénavant inscrite dans les documents de la Haute Autorité de Santé (HAS) concernant le vaccin contre le méningocoque, le vaccin contre le rotavirus, le Beyfortus contre la bronchiolite à VRS. À l’international, d’autres associations savantes et centres de recherches et de formation l’ont intégrée aussi : par exemple, elle fit l’objet d’une intervention en 2023 au cours du 60e Congrès annuel de la Société Japonaise d’allergies et d’immunologie clinique. Elle est également citée par certains membres du Centre Johns Hopkins pour la Sécurité Sanitaire (Johns Hopkins Center for Health Security, CHS), une organisation indépendante à but non lucratif de l'École de santé publique Johns Hopkins de Bloomberg (Johns Hopkins Bloomberg School of Public Health), qui n’est rien moins que la deuxième institution indépendante de recherche en épidémiologie et le plus grand centre de formation en santé publique des États-Unis.
La “dette immunitaire”, devenue virale après sa première apparition médiatique dans le Wall Street Journal en 2021, fut également promue grâce au soutien important d’un réseau de “sociétés savantes” et de plusieurs laboratoires pharmaceutiques qui semblent avoir trouvé dans ce concept inquiétant un instrument de promotion de leurs vaccins et traitements.
Cette théorie populaire fait ainsi l’objet, depuis plusieurs années, d’une large diffusion dans les médias et le milieu médical mais aussi auprès des centres de recherches et des autorités sanitaires au point de s’imposer comme une évidence, même quand elle semble impossible à rembourser.
Or, si la “dette immunitaire” a un prix élevé, ce n’est pas en raison de son remboursement avec intérêts, mais plutôt à cause de son impact sur la prévention.
Systématiquement convoquée quand se pose la question d’un retour de la prévention collective face aux recrudescences majeures de maladies infectieuses en pédiatrie, l’idée que les mesures sanitaires comportent un risque pour la santé est désormais bien ancrée dans les esprits. Dès lors, le poids de la “dette immunitaire” pèse inévitablement sur les décisions individuelles mais aussi sur les actions de santé publique dont les messages brouillés sont devenus inaudibles : comment recommander, contre la recrudescence majeure de maladies infectieuses, parfois très graves et/ou saturant les hôpitaux pédiatriques, des mesures préventives accusées depuis 3 ans d’être à l’origine de cette situation délétère ?
En réalité, il n’y a aucun dilemme : même si elle est présentée dans les médias comme une hypothèse citée “dans des journaux de très grande ampleur et internationaux”, ou “bien connue des infectiologues” et relevant d’un “cours d’immunologie élémentaire”, la “dette immunitaire” n’est en fait qu’une simple opinion, tenant plus de la croyance populaire ou de la légende urbaine que du fait scientifiquement établi.
À suivre : Le mythe de la “dette immunitaire” - Un concept fallacieux sans fondement scientifique
Il existe en outre une version française de cet article, publiée dans la revue Médecine & Enfance le 30 juin 2021 sous le titre “Comment payer la dette immunitaire de la pandémie de Covid19 ?”
Voir par exemple : “Deuda de inmunidad: El riesgo de perpetuar el uso de la mascarilla en los niños fuera de la pandemia”, ABC Salud, 19 octobre 2021 ; “Qué es la deuda inmunológica y por qué sería la causa del aumento de los casos de las enfermedades respiratorias”, La Nacion, 27 novembre 2022 ; “¿Más sensibles o más atentos?: por qué parece que todo el mundo está resfriado”, El Paìs, 22 décembre 2023 ; Was es mit der »Immunschuld« auf sich hat, Spiegel, 7 décembre 2022 ; “Bronchiolite a Milano, ospedali pieni e bimbi fuori regione: è debito immunitario? «Emergenza lunga, rebus influenza»”, Milano, 18 novembre 2021
GlaxoSmithKline est inscrite au registre de transparence européen des représentants d'intérêts depuis 2009 : elle déclare à ce titre pour 2021 des dépenses de lobbying d'un montant compris entre 1 000 000 et 1 250 000 euros. https://ec.europa.eu/transparencyregister/public/consultation/displaylobbyist.do?id=7990322925-77